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esclavage

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Principaux concepts

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            Ce qu’il convient d’entendre par « esclave » a été expliqué dans de nombreuses publications. Cette notion a également été différenciée de ce que l’on appelle le gagé pour dette. Nous nous bornons ici à reproduire la présentation résumée de l’article : Testart, A., Lécrivain, V., Karadimas, D. & N. Govoroff 2002 Prix de la fiancée et esclavage pour dettes : Un exemple de loi sociologique. Etudes Rurales 159-160 : 9-33 [reproduit in Testart, A. 2001 L'esclave, la dette et le pouvoir : Etudes de sociologie comparative. Paris : Errance.]

 

L’esclavage ; définition adoptée[1]

            Pour être sociologiquement utile, le terme doit être réservé à une forme spécifique de dépendance, à distinguer soigneusement de multiples autres formes de dépendance connues dans l'histoire (l'ilotisme spartiate, le servage médiéval, etc.) ou en ethnographie (personnes gagées [pawns] ou tout ce que l'anglais appelle bondsmen). La condition matérielle des esclaves est extrêmement variable : à côté des esclaves exploités pour leur travail, selon des formes d'ailleurs extrêmement variables, l'Islam, l'Empire Romain ou les royaumes africains ont connu des corps de police ou d'armée serviles, des esclaves fonctionnaires. Une des plus vieilles utilisations de l'esclave, dans toutes les sociétés, est, depuis l'Iliade, de servir le plaisir de leur maître et une autre, moins connue mais tout aussi répandue, en Afrique ou chez les Indiens de la Côte nord-ouest de l'Amérique du Nord, est de suivre leur maître dans la tombe au moment de sa mort (Memel-Fote 1988 : 273, 576-600 ; MacLeod 1929 : 106-111; etc.). Il est certain que ni l'occupation, ni la fonction, ni le mode de vie ne permettent de définir l'esclave. Seule la notion de statut juridique permet de dire ce qu'ont en commun les esclaves d'une même société par delà la variabilité de leur condition matérielle. Aucune approche sociologique du phénomène de l'esclavage ne peut faire l'économie d'une étude de ce statut. Mais ce statut est lui-même extrêmement variable d'une société à l'autre (Testart 1998). Le point de vue juridique une fois reconnu doit être dépassé vers une caractérisation sociologique plus générale.

            L'esclave antique est exclu de la Cité (au sens des antiquisants) ; l'esclave des sociétés africaines est exclu de la parenté, il est sans nom et hors lignage ("unkinned", selon la belle formule de Bohannan 1963 : 180) ; l'esclave privé des anciens royaumes asiatiques n'est l'esclave que de son maître, ne doit rien au roi, ni impôts ni service armé, n'est pas son sujet et se trouve donc exclu du rapport au roi ; etc. D'une façon ou d'une autre l'esclave est un dépendant exclu d'une des dimensions sociales fondamentales de la société, exclu de la Cité dans le régime de la Cité antique, exclu de la parenté dans les sociétés lignagères où la parenté joue un rôle fondamental, exclu du rapport au roi dans les royautés, etc. La définition complète que nous avons adoptée est la suivante : un esclave est "un dépendant

1)       dont le statut (juridique) est marqué par l'exclusion d'une dimension considérée comme fondamentale par la société

2)        et dont on peut, d'une façon ou d'une autre, tirer profit" (Testart 1998 : 39 ; 2000 : passim).

 

Différence entre l'esclave, le gagé [pawn] et celui qui travaille pour rembourser sa dette

            Nous considérons ici toutes les situations analogues à celle qui conduit à un asservissement [bondage] pour cause de dettes, c'est-à-dire des situations dans lesquelles un être humain, présumé libre, troque pour quelque raison que cela soit - la plus générale étant évidemment la pauvreté - sa liberté contre des ressources, nourriture ou argent. Il y a trois situations qui conduisent à un tel asservissement : les dettes insolvables (dont les dettes de jeu), la vente de soi-même, la vente des enfants par les parents ou la vente de l'épouse par le mari.

            Nous distinguerons trois modes d'asservissement.

1.         L'esclavage tel qu'il a été défini ci-dessus. Il résulte alors d'une réduction en esclavage pour cause de dettes ou d'une vente en esclavage. Un exemple particulièrement net d'une vente en esclavage est donné par Rattray (1929 : 53) à propos des Ashanti de Côte-d’Ivoire où il était légitime pour un oncle maternel de vendre son neveu s'il avait besoin d'argent. Cette vente, qualifiée de "outright" [vente ferme] par Rattray, concerne une personne préalablement mise en gage contre une somme d'argent et donne lieu à un paiement supplémentaire. Il s'agit bien d'une vente en esclavage puisque les membres du lignage qui effectuent cette vente devant témoins renoncent publiquement à celui qu'ils vendent, disant : "Untel n’est plus membre de tel abusua [matrilignage]­­". Un autre exemple particulièrement dramatique de vente de soi-même en esclavage est fourni par Barton (1938 : 160-62) qui décrit en grand détail les modalités de la vente, les motivations de la femme Ifugao (Phillippines) qui se vend ainsi que les implications de certains de ses parents dans cette affaire. Le fait que la femme soit livrée à des trafiquants qui iront, au delà de la plaine, la revendre dans une autre localité montre bien qu'il s'agit d'une vente ferme, sans espoir de retour.

2.         La mise en gage[2]. Les africanistes ont depuis longtemps mis en évidence un phénomène appelé "mise en gage" [pawning)] qui consiste à placer quelqu'un auprès d'un créancier en garantie d'une dette (ou comme sécurité d'un emprunt). Le "gagé" [pawn] est au service du créancier et lui doit tout son temps de travail ou presque. C'est là une forme d'asservissement qui a souvent été confondue avec l'esclavage pour dette, d'autant plus facilement que le gagé risquait à terme d'être réduit en esclavage (et l'était effectivement dans la plupart des cas) si la dette n'était pas remboursée. Or ce sont là deux institutions tout à fait différentes.

            Le gagé, en effet, ne possède pas cette qualité douteuse qui est un des critères décisifs de l'esclave : il n'est pas exclu de sa parenté, il appartient toujours à son lignage, il garde son nom, il peut participer au conseil de son lignage et à la gestion des affaires lignagères, il participe aux rituels propres à son lignage, il peut se marier et avoir des enfants légitimes. Celui chez qui le gagé est placé et qui a sur lui tant de droits, droit à son travail, droit bien souvent d'avoir des relations sexuelles lorsqu'il s'agit d'une femme, n'a pourtant pas, à la différence de ce qui vaut le plus souvent pour l'esclave, de droit de vie et de mort sur son dépendant, et ne dispose que d'un droit de correction limitée.

            Toute personne gagée, enfin, sera immédiatement libérée par le remboursement de la dette. Cela représente une autre différence avec la situation de l'esclave lequel peut bien sûr être racheté, mais seulement si le maître y consent ; tandis que le gagé est libéré par le remboursement de la dette, même si celui chez qui il est placé ne le veut pas.

            Et pourtant la mise en gage représente une forme d'asservissement particulièrement lourde. Le principe fondamental de la mise en gage veut en effet que le travail, les services et les prestations en tout genre que fournit le gagé ne viennent pas en remboursement de la dette en raison de laquelle il a été gagé. La dette, en d'autres termes ne s'éteint pas, ni ne s'amenuise par le travail du gagé ; il arrive même assez souvent qu'elle s'accroisse des intérêts qui continuent à courir si elle n'est pas remboursée et sans que le travail ne vienne en déduction de ces intérêts. La conséquence est évidente : le gagé ne pourra généralement pas se libérer et devra travailler toute sa vie pour une dette qui, à l'origine, pouvait être fort légère.

            La complexité de la situation du gagé pour dette vient donc :

- d'une part, de ce qu'il reste en droit un être libre[3] (membre de sa parenté, avec toutes les conséquences que cette appartenance implique, jouissant de droits, etc.) et toujours en droit capable de se libérer en remboursant le montant de sa dette ;

- d'autre part, de ce qu'il est en fait un asservi, le plus souvent sans espoir de jamais pouvoir se libérer et vivant dans des conditions matérielles et sociales analogues ou même pires[4] que celles de l'esclavage.

            Enfin, pour ajouter à cette complexité, signalons dès à présent que les législations relatives au gagé sont d'une société à l'autre aussi variées que celles relatives à l'esclavage : certaines admettent que le gagé tombera automatiquement en esclavage au bout d'un certain temps ; d'autres protègent le gagé et empêchent cette assimilation.

3.         Le travail pour la dette. Le principe fondamental du gage des personnes est que leur travail bénéficie au créancier sans qu'il vienne en déduction de la dette. Le travail n'a pour ainsi dire pas de valeur, ou du moins n'est-il pas comptabilisé. A ce principe s'oppose celui selon lequel les services rendus par le débiteur au créancier solderont la dette. C'est le principe qu'a en tête le bon sens populaire - lequel, comme tout bon sens, est informé par les conditions sociales - lorsqu'il évoque la possibilité pour un consommateur indélicat, et sans le sou, de payer sa consommation "en faisant la plonge". C'est un principe évident à notre société où le travail a de la valeur et pourrait donc solder une dette. Ajoutons-y le principe selon lequel le débiteur peut être contraint à travailler pour le créancier et nous avons là une forme de travail forcé, mais entièrement distincte de celle du gagé.

            Cette possibilité prend des formes contournées et souvent difficiles à mettre en évidence dans les exemples ethnographiques et historiques que nous étudierons ci-dessous. Elle est néanmoins clairement représentée et s'oppose en tout à celle du gagé : qu'un homme soit contraint à travailler pour rembourser sa dette, cette dette sera (sauf si elle est exorbitante) normalement soldée au bout d'un certain temps et l'homme sera libre de toute contrainte.

            Dans ce cas on ne peut plus en principe parler d'asservissement, bien qu'il y ait travail contraint. Le remboursement d'une dette par le travail est un processus qui, normalement, n'aliène pas la liberté. Il faut toutefois insister sur l'importante réserve qu'implique notre qualificatif de "normalement". Tout est question de degré, de la rapidité avec laquelle le travail rembourse la dette, de la valeur qui est attribuée au temps de travail. Si cette valeur est trop dérisoire, si l'endetté en prend pour vingt ans ou, pire, si la dette est transmise aux héritiers, le principe selon lequel le travail rembourse la dette peut n'être que supercherie. Il n'a une valeur libératoire que s'il est assorti de dispositions coutumières ou légales qui limitent le temps pendant lequel le créancier pourra exercer une contrainte sur l'endetté ou bien instituent un prix équitable du travail.

 

Références citées dans ce texte

 

Barton, R.F. 1938 Philippine pagans : The autobiographies of three Ifugaos. Londres : Routledge.

Bohannan, P. 1963 Social anthropology. New York: Holt, Rinehart & Winston.

MacLeod, W.C. 1929 The origin of servile labor groups. American Anthropologist 31 : 89-113.

Meillassoux, Cl. 1986 Anthropologie de l'esclavage. Paris : PUF.

Memel-Fote, H. 1988 L'esclavage dans les sociétés lignagères d'Afrique Noire : Exemple de la Côte d'Ivoire précoloniale 1700-1920. Thèse d'Etat de l'EHESS, Paris.

Patterson, O. 1982 Slavery and social death : A comparative study. Cambridge (Mass.) : Harvard University Press.

Rattray, R.S. 1929 Ashanti law and constitution. Oxford : Clarendon Press.

Testart, A. 1997 La mise en gage des personnes : Sociologie comparative d'une institution. Archives Européennes de Sociologie 38 : 38-67 [réédité dans Testart, A. 2001 L'esclave, la dette et le pouvoir : Etudes de sociologie comparative. Paris : Errance].

Testart, A. 1998 L'esclavage comme institution. L'Homme 145 : 31-69 [réédité dans Testart, A. 2001 L'esclave, la dette et le pouvoir : Etudes de sociologie comparative. Paris : Errance].

Testart, A. 2000 Importance et signification de l'esclavage pour dettes. Revue Française de Sociologie 41 : 609-641 [réédité dans Testart, A. 2001 L'esclave, la dette et le pouvoir : Etudes de sociologie comparative. Paris : Errance].


 

Liste des codes et options retour haut de page

 

            Les codes sont organisés en 11 questions qui correspondent aux 11 colonnes de la base de données.

            Partout :

- le code ? signifie qu’il existe des données, mais qu’elles ne permettent pas de décider,

- et le blanc (l’absence de code) signifie qu’il n’y a pas de données, ou que la question ne se pose pas.

 

- 1 L’esclavage (en tant qu’institution) existe-t-il ?

 

(selon l’initiale de l’anglais « slave »): présence de l’esclavage, quelque soit sa source, quelle que soit son importance.

O : absence

Z : absence d’esclavage en territoire métropolitain, mais présent dans les colonies

Q : esclavage résiduel, anciennement attesté, mais maintenu seulement à titre pénal

X : réduction en esclavage limitée aux basses classes

 

- 2 Le maître a-t-il droit de mise à mort sur ses esclaves ?

 

A : droit absolu et arbitraire

P : droit à titre de punition seulement

O : droit explicitement dénié, en toutes circonstances

 

- 3 Les esclaves peuvent-ils être mis à mort au décès du maître (morts d'accompagnement) ?

 

C : oui

O : non ; c’est explicitement dénié et nous n’avons ni preuve ni indice du contraire

 

- 4 L’institution du gagé pour dettes existe-t-elle ?

 

G : oui, mais sans que l’on puisse préciser si le gagé sera transformé en esclave, ni comment ― ce code est donc un code par défaut, et n’est appliqué qu’à condition de ne pouvoir décider entre I, T, V, W, W’ :

I : oui, mais la transformation du gagé en esclave est impossible ou illégale

T : oui, avec transformation automatique du gagé en esclave par l'effet du temps

V : oui, avec transformation automatique du gagé en esclave en fonction de la valeur de la dette accumulée (et accrue du poids des intérêts)

W : oui, mais la transformation du gagé en esclave ne se fait que si le gagé se vend lui-même (en esclavage) ou est vendu (en esclavage) par celui qui a pouvoir sur lui

W’ : oui, mais la transformation du gagé en esclave ne se fait que s’il l’accepte (ce cas reste rare et douteux)

G’ : oui, dans les mêmes conditions que G, mais restreint aux femmes

X : oui, mais il est restreint aux basses classes

O : non, il n’existe rien qui ressemble à une mise en gage pour dettes

                                                                                                                                                                                          

- 5 L’esclavage pour dettes existe-il ?

 

D : oui, et il est tenu pour légitime (T, V, W ou W’ en colonne 4 implique D ou X ; D implique S en colonne 1)    

X : oui, mais il est restreint aux basses classes

1 : oui, mais illégal ou tenu pour illégitime

                                                                                                                                                                      

- 6 Le placement en gage ou la vente dite « à réméré » des esclaves dits « rédimibles » existe-t-il ?

 

R : oui

X : oui, mais restreint aux basses classes

R’ : oui, mais restreint aux femmes

O : non

 

- 7 La vente en esclavage de soi-même est-elle pratiquée ?

 

M : oui, et tenue pour légitime

X : oui, mais restreint aux basses classes

2 : oui, mais illégale

O : non

 

- 8 La vente en esclavage des enfants est-elle pratiquée ?

 

E : oui, et tenue pour légitime

X : oui, mais restreint aux basses classes

3 : oui, mais illégale

O : non

 

- 9 La vente en esclavage d'un neveu ou d’un fils adulte sous puissance est-elle pratiquée ?

 

N : oui, et tenue pour légitime

X : oui, mais restreint aux basses classes

4 : oui, mais illégale

O : non

                                                                                                                                                                                          

- 10 La vente en esclavage de l'épouse est-elle pratiquée ?

 

F : oui, et tenue pour légitime

X : oui, mais restreint aux basses classes

5 : oui, mais illégale

O : non

                                                                                                                                                                      

- 11 La réduction en esclavage pour des raisons financières (pour cause de dettes, ou suite à une vente de soi-même, de sa femme ou  des ses enfants) est-elle tenue pour légitime ?

 

            Cette dernière question est purement récapitulative, et le codage résulte des codes déjà indiqués en colonnes 5, 7, 8, 9 et 10 :

 

F : réduction en esclavage pour raisons financières tenue pour légitime   

X : réduction en esclavage pour raisons financières tenue pour légitime, mais restreinte aux basses classes

I : réduction en esclavage pour raisons financières tenue pour illégitime

 

 

 


 

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  VOIR la base Esclavage

 

La base de données comprend successivement :

- la région géographique du peuple (en anglais) ;

- le nom du peuple (transcription anglaise) ;

- son numéro d’identification dans les Human Relation Area File ;

- son numéro d’identificaton dans l’Ethnographic Atlas de Murdock (nous avons affecté un code selon le même esprit aux peuples qui n’y figurent pas) ;

- ses coordonnées géographiques, longitude et latitude ;

- les mêmes en degrés décimaux ;

- et dans chacune des 11 colonnes suivantes (1:Slave, 2:Death , etc.), les codes correspondant aux 11 questions posées dans « liste des codes et options ».

 

 


Présentations cartographiques retour haut de page

CARTE 1 : Distribution géographique de l’esclavage.

 

CARTE 2 : Distribution par zones de l’esclavage...

 

CARTE 3 : Esclavage pour dettes et/ou vente de soi ou d’apparentés en esclavage.

 

CARTE 4 : Esclavage pour dettes et/ou vente de soi ou d’apparentés en esclavage comparé au prix de la fiancée sans retour et en mode dominant.

 

CARTE 5 : Distribution mondiale de l’accompagnement funéraire par des esclaves…


Petite bibliographie retour haut de page

Publications dans lesquelles cette base est préparée, présentée ou exploitée :

  

Testart, A., 2001 L'esclave, la dette et le pouvoir : Etudes de sociologie comparative. Paris : Errance.

[Ouvrage qui reprend la quasi-totalité des articles de l’auteur sur l’esclavage.]

Testart, A., Lécrivain, V., Karadimas, D. & N. Govoroff 2002 Prix de la fiancée et esclavage pour dettes : Un exemple de loi sociologique. Etudes Rurales 159-160 : 9-33 [reproduit dans l’ouvrage précédent.]

[Article qui présente la base de données sur l’esclavage.]

Testart, A., 2004 La servitude volontaire (2 volumes : I, Les morts d’accompagnement ; II, L’origine de l’Etat). Paris : Editions Errance.

[Utilisation de la base de données sur l’esclavage pour tracer la distribution géographique des esclaves tués à la mort du maître.]

  


 

Notes :

[1]              Les limites de cet article ne permettent pas de discuter de celle de Meillassoux (1986), ni de celle qui jouit d'un certain succès dans le monde anglo-saxon, de Patterson (1982). Qu'il suffise de dire que leur commune insistance sur la violence (guerre ou razzia) comme source de l'esclavage, encore moins leur idée que l'esclave serait par définition un étranger, ne s'accorde pas avec le fait, généralement méconnu, de l'esclavage pour dettes. La définition traditionnelle en fonction de la propriété (du maître sur l'esclave) paraît aujourd'hui unanimement rejetée dans la mesure où elle fait appel à la notion spécifiquement occidentale (romaine) de propriété.

[2]              Nous résumons ici les principales conclusions de l’article "La mise en gage des personnes" (Testart 1997).

[3]              En particulier il n'y a pas, à la différence de ce qui vaut pour l'esclave, de statut - au sens juridique - du gagé. Son statut général reste celui d'un être libre, mais grevé d'obligations. Si l'esclave s'inscrit dans le cadre de ce que nous appelons des dépendances de droit (ou statutaires), le gagé s'inscrit dans le cadre des dépendances de fait (Testart 1997: 46, 55-56).

[4]              Ce qui provient de ce que le créancier gagiste ne peut pas adopter le gagé, destin courant des esclaves dans les sociétés lignagères.

 

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