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Au scepticisme post-moderne qui a envahi les sciences
sociales, le livre d’Alain Testart fait exception. L’auteur
y a rassemblé une série d’articles qu’il a consacrés aux
fondements de l’esclavage, dans la perspective de
l’ethnologie comparée. Projet qui se déploie selon une
rigueur durkheimienne: définition juridique de
l’institution, traits fondamentaux de l’esclavage et
relations avec d’autres phénomènes proches, comme la mise en
gage d’une personne ou le prix de la fiancée. Les matériaux
utilisés proviennent des sociétés primitives ; aussi la
traite des Noirs ne fait-elle pas partie de sa réflexion,
même si des allusions à ce phénomène moderne sont
inévitables.
Carmen Bernand, Études rurales 2002, 161-162.
Alain Testart nous livre ici un précieux ouvrage (…)
quiinterrogent le phénomène de l’asservissement à travers le
monde et les époques autour de deux pôles distincts :
l’esclavage et la mise en gage. Ce travail anthropologique
novateur, qui se révèle un outil décisif pour tous ceux
s’intéressant à ces questions, repose sur une définition
exigeante des concepts et un comparatisme résolu acquis par
l’analyse juridique, que l’auteur souhaite ériger au même
rang de scientificité que les mathématiques pour le
physicien. Une telle ambition pourra agacer par son postulat
de science exacte, et le choix d’un vocabulaire tel que «
principe », « loi », « institution », [et] laisser sceptique
les chantres du relativisme social. Mais, Alain Testart s’en
justifie par un recours exclusif et critique à la
bibliographie et, surtout, par la constitution de bases de
données mondiales qui lui permettent d’accéder à ce qu’il
considère comme une véritable analyse sociologique (...).
L’ouvrage d’Alain Testart est stimulant et, sans jamais
prétendre épuiser le sujet, ouvre des perspectives inédites
et parfois audacieuses quant aux implications sociologiques
des multiples formes d’aliénation dans les sociétés
humaines. »
Gilles Holder, L’Homme, 2003, 167-168.
L’auteur approfondit le très complexe « esclavage pour dette
» (…). Cette tentative s’avère intéressante dans la mesure
où elle permet de mieux faire émerger « l’importance et la
signification de l’esclavage pour dettes », forme
fondamentale de « l’esclavage interne », spécificité, dit
l’auteur, de l’esclavage en général. Il nous apprend, au
fond, que cette forme toute particulière d’esclavage n’a
pratiquement pas fait l’objet d’études, occultée par la
dimension « ressource guerrière » de l’esclavage. Et
pourtant, toutes les aires culturelles sont concernées par
ce mode d’asservissement résultant d’une situation
d’insolvabilité de l’individu.
Jean-Claude Lavaud, Anthropologie et Sociétés, 2003,
27-3.
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