livres

 
 

 

1996

 

La parenté australienne : Étude morphologique.

 

Paris : Ed. du CNRS, 392 p.

 

Traité systématique des systèmes de parenté (terminologies) d’Australie. Le traitement très formalisé (et axiomatisé) en rend la lecture difficile mais assure sa cohérence et permet de déconstruire un certain nombre d’idées fausses. Sa conclusion principale est que ces systèmes, très différents, dont certains uniques à l’Australie, ne sont que des variantes plus ou moins complexifiées d’un même modèle qui fait jouer le même rôle formel à trois rapports de parenté :

- au rapport père-fils ;

- au rapport mère-fille ;

- au rapport affinal époux-épouse.

Il en résulte que l’aspect lignager (ou unilinéaire) n’est jamais fondamental en Australie : tout est bâti en symétrie, y compris les rapports entre générations.

C’est aussi ce que l’on peut déduire également de ce fait unique en Australie : il existe une identification systématique entre grands-parents et petits enfants (ce caractère reste limité dans les systèmes dravidiens, en Inde).

Les termes de parenté australiens ne se développent pas en un temps qui serait infini ; au contraire, il est cyclique, se ramène toujours à quatre temps (et seulement quatre termes de parenté dans une même ligne), sinon à deux. Ce phénomène de réversibilité du temps (qui fait dans certains cas extrêmes qu’un homme s’adresse par le même terme de parenté à son fils et à son père) est fondamental dans tous ces systèmes – ce qui doit être mis en relation avec la croyance religieuse que tout est déjà donné de toute éternité dans le Dreamtime, le « Temps du Rêve ». Ce seul phénomène suffit d’ailleurs à expliquer le mariage des cousins croisés.

Il est clair que tout le livre constitue une réfutation de la thèse structuraliste sur la parenté : ce n’est pas l’alliance qui est fondamentale en Australie. Mais ce n’est pas non plus l’unilinéarité ou le lignage. C’est la possibilité que l’on puisse interchanger alliance, patrilinéarité et matrilinéarité.

 

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Textes et contenu rédactionnel : Alain Testart